Le Pas de la Rosse
Seul habitant du hameau l’hiver, André Buisson tient la buvette la plus insolite des Alpes et de France, sur l'un des sites les plus célèbres pour l'escalade, Ailefroide. Il la ravitaille chaque jour, bravant le froid, les tempêtes et les avalanches.
L’hiver, cet habitant de Pelvoux tantôt seul, tantôt avec son épouse, accroche ses peaux de phoque aux skis et s’attelle à son traineau chargé de bouteilles d’eau, de café, de sodas…
Plusieurs fois par semaine, André Buisson, un retraité de l'Education nationale, suit la route, fermée à toute circulation au delà du tunnel des Clos, et cela dès les premières neiges.
Direction Ailefroide, à une bonne demi-heure de ski, dernier hameau au bout de la route, où André tient la buvette « Le Pas la Rosse ». Le café, comme la maison qui l’abrite, est certes modeste, mais son immense avantage est d’être ouvert toute l’année, même lorsque les mètres de neige s’accumulent.
En plein hiver, les promeneurs en raquettes sont ses meilleurs clients, étonnés mais ravis de le voir dans ce hameau fantôme au pied du Pelvoux. Au printemps, lorsque les couloirs d’avalanche ont été purgés par le redoux, les randonneurs à ski prennent le relai. Mais certains jours, les mésanges charbonnières sont ses seules compagnes. Elles se sont donné le mot et viennent quémander quelques miettes dans un concert de piaillements et de froissements d’ailes.
André Buisson passe aussi de longs moments à observer les chamois, visibles à l’œil nu sur les flancs abrupts des montagnes alentour.
L’été, Ailefroide redevient le deuxième site d’escalade français, juste derrière Chamonix. Le ballet des marcheurs, des alpinistes qui gagnent les refuges, reprend de plus belle, mêlé au concert des campeurs et des touristes en villégiature. Pour quelques mois, André Buisson, revient malgré lui à la civilisation et un anonymat relatif.