Passionné des milieux naturels en montagne depuis tout petit, c’était un rêve de pouvoir intégrer un jour un Parc. Il travaille, entre autres, sur le tétras-lyre, un galliforme, magnifique, et de plus en plus rare. Nous avons voulu en savoir un peu plus, sur cet oiseau mythique, qui habite nos contrées, et les actions pour le préserver.
Comment avez-vous fait pour rentrer au Parc National des Écrins ?
C’est avant tout une démarche personnelle. J’ai passé le concours des Parcs nationaux en 1992. Il y avait 4 places c’est-à-dire très peu…
J'ai été chef de secteur au Parc national du Mercantour, de la Vanoise puis des Écrins (à partir de 2006) avant d'être « technicien patrimoines » depuis un an.
Qui est le tétras- lyre ?
Le tétras-lyre (Tetrao tetrix) est une véritable relique glaciaire puisqu’il peuplait jadis les plaines de notre Pays, comme cela est toujours le cas dans le Nord de l'Europe. Le réchauffement progressif du climat a repoussé cet oiseau emblématique dans le refuge des reliefs des Alpes, au-delà de 1400 mètres d'altitude, pour y retrouver des conditions favorables à sa survie. Ici, il vit dans les mélézins principalement.
Pourquoi vous intéressez-vous au tétras-lyre ?
C’est un animal vraiment intéressant et magnifique, notamment le mâle qui est bleu-noir. Son comportement pendant la parade nuptiale est caractéristique : les caroncules du mâle (excroissances rouges au-dessus de l’œil) gonflent, la queue en éventail se transforme en lyre, d’où son nom. Ainsi fin avril, début mai, les mâles se retrouvent dans des clairières pour des joutes aériennes et orales. C’est d’ailleurs, à ce moment-là que l’on peut évaluer les populations de tétras-lyre.
C’est-à-dire, quelles sont les méthodes de comptage ?
Dans les Alpes, il existe des sites de références, comme par exemple sur la rive droite du Fournel, sur la Crète de la Seyte où l’on réalise, un comptage des mâles au chant. On sait que sur cette zone, il existe une vingtaine de coqs.
Il y a une 2ème méthode de comptage qui consiste, fin août, à emmener des chiens sur ces zones qui vont lever les poules et les jeunes du sol. C'est une méthode plus intrusive qui est mise en œuvre par la fédération des chasseurs.
Actuellement, il n’y a pas de données sur le nombre exact de tétras-lyre dans les Alpes, ni sur le Parc national des Écrins, on sait juste que la population est en baisse un peu partout.
Quelles sont les raisons de cette diminution du nombre d’individus ?
La raison principale est la perte ou destruction d’habitat, notamment des pistes de ski construites dans les mélézins, leur lieu de vie. Par exemple, sur Pelvoux-Vallouise, avant la construction de la station, il restait 30 coqs. Depuis, on en compte 4 ou 5.
Ensuite, il y a le pastoralisme mal conduit. Ces oiseaux nichent au sol et si les moutons piétinent leur habitat, ils écrasent les œufs ou les oisillons. Sur certains alpages du Parc, des contrats sont passés avec les éleveurs afin que les troupeaux évitent les zones de nidification avant le 15 août.
Une autre raison est le dérangement hivernal. Le tétras-lyre est un herbivore et en hiver sa ressource alimentaire est très réduite. Il mange des aiguilles de pin, des morceaux d'écorce… pour passer l’hiver, il doit économiser son énergie en passant un maximum de temps dans des igloos qu'il creuse dans la poudreuse. Aussi, à chaque dérangement, il va s’envoler, et dépenser inutilement son énergie. De plus, le tétras-lyre effectue des vols tendus, et lorsqu’il est dérangé par un skieur, il a du mal à modifier sa trajectoire.
Enfin, le tétras-lyre n’est pas protégé, il est soumis à un plan de chasse cynégétique, c’est-à-dire que c’est le préfet qui détermine le nombre d’animaux qui peuvent être tués par secteur, comme pour le chamois. Les femelles et les jeunes ne peuvent pas être tués.
Comment améliorer la survie hivernale du Tétras-lyre ?
La crête de la Seyte est un lieu de vie important pour le Tétras-lyre qui y trouve de la nourriture et de la poudreuse pour y faire ses igloos...et c'est précisément la poudreuse qu'y recherchent aussi les skieurs de randonnée.
Afin d'aménager des zones de tranquillité pour le Tétras sans pénaliser le ski de randonnée, nous avons déterminé des petits secteurs qui semblaient être préférés par les Tétras en hiver. Sur ces petits secteurs, des étraves de protection ont été installées. Il s'agit de poteaux en bois et de cordes qui délimitent des espaces qui totalisent 0,7 Ha où il ne faut pas skier.
0,7 Ha réservés au Tétras sur les 200 Ha skiables de cette randonnée !
Cette mesure est plutôt bien comprise par les skieurs sur cet itinéraire puisque les intrusions dans les étraves sont exceptionnelles.
Pour en savoir plus sur le Parc national des Écrins et les tétras-lyres:
Le site du PNE : http://www.ecrins-parcnational.fr/